AFRIQUE - NAMIBIE


Bienvenue en Namibie, le pays des grands espaces, des panoramas à couper le souffle, des paysages lunaires, des déserts brûlants, des ciels irréels ! Une terre australe encore sauvage, dont on ignorait tout et dont on espérait beaucoup. On s'attendait à de l'aventure et des beaux paysages et le moins que l'on puisse dire, c'est que nous n'avons pas été déçus ! C'est grandiose où que l'on regarde. Encore plus beau en vrai qu'en photo ! À travers les déserts du Kalahari et du Namib, entourés uniquement par les oryx et les zèbres.. quelle traversée ! 


Nous sortons du Botswana par la trans-Kalahari highway, quittant ainsi le 3e pays le moins peuplé au monde pour entrer dans le 2e pays le moins peuplé au monde ! Ce qui est sûr, c'est qu'on ne va pas être les uns sur les autres ! En Namibie, l'immensité est enivrante. On se sent tout seul, tout petit. Le silence est absolu. La Namibie est un peu notre route du Pamir numéro deux. Des paysages immenses, la nature, et nous. On peut rouler cinq jours sans croiser un village, mais chaque jour est une véritable claque visuelle ! Mais la beauté se mérite, pensez températures incendiaires, tornades de sable et pistes épuisantes. Allez, on se colle au radiateur pour se mettre dans l'ambiance... On vous raconte la traversée du désert Namibien ! 


On arrive en Namibie par la frontière qui est juste à côté de Windhoek, la capitale, où on arrive assez rapidement. On ne compte pas y rester bien longtemps. Notre programme : faire des stocks de nourriture pour traverser jusqu'au prochain point de ravitaillement. Windhoek est une ville assez surprenante, surtout quand on arrive de l'Afrique de l'est. On ne se croit plus tout à fait en Afrique, mais pas vraiment ailleurs non plus. Le pays a été colonisé par les allemands, qui ont laissé plusieurs exemples d'architecture anachronique et colorée. Sinon, des immeubles tout gris, des blocs de béton, des centres commerciaux.. Le tout dans une chaleur épouvantable. Aucune raison de s'éterniser !


On alourdit nos vélos de stocks de flocons d'avoine, de pâtes, de concentrés de tomate, de semoule, de purée déshydratée, de soupes en sachets, de chou et d'oignons. Prochain supermarché dans une dizaine de jours de route ! Autant vous dire que les vélos sont lourds.. Pour alléger notre roue arrière fatiguée et dont les rayons cassent régulièrement, on charge la bouffe à l'avant dans les paniers et dans la sacoche de cadre. Du coup, l'avant du vélo est à nouveau très lourd et moins facile à manœuvrer. 


En sortant de Windhoek, on retrouve un paysage de "bush" à perte de vue. Le paysage est déjà beaucoup moins vert qu'au Botswana. Alors que ce pays voisin est en pleine saison des pluies, ici c'est la sécheresse. Il n'a pas vraiment plu depuis cinq ans ! C'est assez incroyable d'imaginer une telle différence. En fait, on nous a expliqué que le pays recevait plus de précipitations au nord de Windhoek. En descendant vers le sud de la Namibie, le climat est très aride. Sûrement comme la partie la plus au sud du Botswana. 

À peine sortis de Windhoek et nous sommes déjà seuls. La piste de sable a remplacé pour de bon le goudron et les premières collines s'annoncent, avec même un petit col à grimper ! Heureusement, le ciel est couvert ce jour là et la chaleur est plus supportable. 


Alors que l'on roule au coucher du soleil, une des rares voitures de la journée s'arrête pour nous demander où on compte dormir. Au volant, Péter, un namibien blanc, comme à peu près 8% de la population du pays. Ces blancs sont arrivés avec les vagues de colonialisation de l'Afrique du Sud, allemandes, hollandaises ou anglaises. La Namibie qui s'appelait alors l'Afrique du Sud-ouest a ainsi été longtemps sous le contrôle des allemands. À la fin de la seconde guerre mondiale, la Namibie est mise sous contrôle de l'Afrique du Sud par les nations unies. La Namibie est un des derniers pays africains à obtenir son indépendance, en 1990. Le pays a donc connu l'apartheid, sous le gouvernement Sud africain. Aujourd'hui de nombreux blancs namibiens habitent encore le pays. La majorité d'entre eux vivent dans le sud du pays, assez isolés dans d'immenses fermes de chasse ou d'élevage de bétail sur des centaines d'hectares. Comme en Afrique du Sud, ces blancs parlent afrikaans, une langue issue du néerlandais.


Quelques siècles d'histoire plus tard et c'est Peter que l'on croise donc, en pleine brousse Namibienne. Il nous propose de charger nos vélos dans son pickup et de venir dormir dans sa ferme, à quelques kilomètres de la route. On a appris pendant ce voyage à ne jamais dire non à ce genre d'opportunités et on charge donc tout notre barda dans la benne du pickup. On a passé une très chouette soirée chez Peter, avec son voisin "Plip" à boire des brandy-coca. En Namibie, il ne fait pas bon être végétarien. Le pays ne vit que pour et par la bidoche, le brai est LA spécialité locale (viande grillée au barbecue). Péter élève d'ailleurs des chèvres pour sa consommation de viande. Mais il a aussi un kudu qu'il a trouvé quand celui-ci était bébé et qui est devenu son animal de compagnie, au même titre que les chiens et les chevaux. Il faut le voir embrasser tout son petit monde quand il rentre du travail ! (il est parallèlement employé dans un magasin de vente de voitures). Peter est ce genre de personnes qui marque pendant un voyage. Un vrai gentil, tout en simplicité et en douceur.


On est donc un peu tristes de quitter Péter et ses brandy coca et de se replonger dans la solitude absolue du désert. D'autant que les nuages nous ont quittés et que le soleil est au rendez-vous. La prochaine "ville" est à cinq jours de route. Pendant ces cinq jours, ce sera nous, le sable, le vent et les oryx. On voit aussi des chacals, des phacochères, des kudus, des impalas et même des scorpions. 

On croise aussi de nombreux troupeaux de zèbres, parfois de très près. Un midi, alors que l'on déjeune sous l'ombre d'un arbre, c'est tout un troupeau de zèbres qui, ne nous  ayant pas vus, passe juste devant nous ! La nuit, on entend également de nombreux animaux autour de notre tente.


Par contre, ce qui est spécial en Namibie c'est que ça a beau être le désert, tout est clôturé ! Ce sont les propriétaires des immenses fermes qui délimitent leurs terres.. Les animaux ont donc beaucoup de mal à passer toures ces clôtures. Un jour, on suit un zèbre sur des kilomètres.. On roule sur l' unique route, il y a des barrières de part et d'autre et notre zèbre ne peut pas passer.. Il ne peut que continuer sur la route, sur laquelle on roule aussi. Il court bien plus vite que nous roulons, mais il n'est pas endurant et on le rattrape toujours. On est bien embêtés car même en s'arrêtant pour le laisser prendre de l'avance on finit toujours par le rattraper et il est complètement paniqué.  Il finit épuisé par se coucher par terre. On en profite pour le dépasser et il repart dans l'autre sens.. Pauvre zèbre ! Encore un à qui la propriété privée aura joué des tours ! 

Si vous regardez de part et d'autre de la route, on voit les clôtures.. En plein milieu du désert.
Si vous regardez de part et d'autre de la route, on voit les clôtures.. En plein milieu du désert.

La brousse a complètement disparu au fur et à mesure que l'on avance vers le sud. Il fait très chaud et sec. Finie l'humidité du Botswana ! Les saisons sont inversées par rapport à chez nous. En Afrique australe, l'été dure de décembre à mars. Nous sommes donc en plein milieu du désert, en plein été. Pas la meilleure idée... La température dépasse allègrement les 40° dès 11h. Au delà de cette heure, impossible de rouler. Nous faisons donc de longues pauses sous l'ombre toute relative des arbustes et y passons une bonne partie de la journée, de 11h jusqu'à 17h. On essaye parfois de donner un petit coup de pouce à l'ombre en tendant un drap dans les arbustes pour se créer des petits abris de fortune. Mais même le vent est chaud et il est assez difficile de se rafraîchir. 

La nuit, la température reste assez élevée. En dormant en tente, on a surtout le chauffage au sol. Le sable, brûlant toute la journée reste chaud toute la nuit. 


La piste évolue de médiocre à catastrophique. C'est soit du sable plus ou moins compacté avec des cailloux, soit de la tôle ondulée, soit du sable complètement mou dans lequel il faut pousser les vélos. On avance donc assez lentement. 


Perdues dans le désert, on trouve donc ces "farms", grandes fermes d'élevage de bovins ou de chèvres pour la production de viande. Elles sont pour nous des stops absolument nécessaires pour se ravitailler en eau. Nous n'avons jamais manqué d'eau pendant notre traversée du désert mais nous pouvions porter plus de 20 litres à deux. L'eau, on en parle d'ailleurs souvent avec les éleveurs. Ils sont assez inquiets car il n'a pas vraiment plu depuis plus de cinq ans dans cette partie de la Namibie. Le bush est de plus en plus aride, avec de moins en moins de pâture pour les animaux, leur laissant uniquement le choix d'acheter de la nourriture céréaliere d'importation étrangère pour le bétail, de pomper dans les réserves souterraines d'eau.. ou de revendre leurs bêtes. On s'interroge quand même sur la cohérence d'élever des animaux comme les bovins dans le désert.. Pomper l'eau des nappes souterraines, assécher de plus en plus les sols... Une boucle destructrice. 


La sécheresse est un véritable problème dans cette région d'Afrique australe. Plusieurs plans de restrictions dans l'utilisation de l'eau ont été mis en place. Mais personne ne contrôle.. L'eau est donc largement utilisée pour irriguer et même parfois.. faire pousser du gazon. 


En plein milieu de nulle part, on a vu ce panneau ! Quelques mois après le passage de l'équateur nous voici sous le tropique du capricorne ! On n'avait jamais été aussi au sud de notre planète ! :)
En plein milieu de nulle part, on a vu ce panneau ! Quelques mois après le passage de l'équateur nous voici sous le tropique du capricorne ! On n'avait jamais été aussi au sud de notre planète ! :)

On arrive au Spreetshoogte pass, un des cols les plus raides de la Namibie. Pour cette raison, la descente est pavée, fait assez rare dans le pays. Il faut souvent pousser car la pente est trop raide pour pédaler, même sur un tout petit rapport. Nos vélos sont plus lourds que jamais avec l'eau et la bouffe.. Un bon petit exercice pour la fin de journée ! Mais en haut du col, la vue est absolument spectaculaire. Sur des kilomètres, jusqu'à l'infini, le désert balafré de lits de rivière asséchés. Des couleurs ocre, dorées et rouges. Superbe ! Aucune de nos photos ne rend la beauté de l'endroit ! On arrive au sommet au coucher du soleil et la lumière du couchant colore de rose les montagnes désertiques des alentours. Tout autour ce n'est que silence et solitude. Nous sommes complètement seuls au milieu de ce désert que l'on voit tout autour jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon. Un moment absolument inoubliable.


La descente est incroyable, c'est tellement raide que l'on a l'impression de plonger dans le désert. Les freins sentent le brûlé et il faut souvent faire des pauses pour les laisser refroidir. De l'autre côté du col, nous sommes entrés pour de bon dans le désert du Namib. La brousse a complètement disparu ici, contrairement au désert du Kalahari derrière nous, qui est parsemé de "bush". Le désert du Namib serait le plus vieux désert du monde. En tout cas, sa porte d'entrée est absolument spectaculaire. 

Le lendemain, on se dirige vers "Solitaire", un tout petit hameau qui porte bien son nom.. Complètement perdu au milieu du sweet sweet nothing ! La route qui y mène est incroyable ! Les couleurs et les paysages ne cessent de changer et sont tous plus beaux les uns que les autres ! Par contre, la luminosité est vraiment très intense ce jour là et, malgré nos super lunettes, on est éblouis par la réverbération du soleil sur la route de sable d'une blancheur absolue. 

Quelques kilomètres avant d'arriver à Solitaire, on retrouve l'axe principal, qui est également une piste de sable, mais où passent les bus et les jeeps de touristes (qui contournent le Spreetshoogte pass !) Il n'y a pas tant de trafic que ça, mais chaque véhicule qui passe nous recouvre littéralement de sable en nous doublant et crée un nuage de poussière qui nous aveugle complètement. 


C'est donc épuisés qu'on arrive à Solitaire, et, bonheur, son frigo rempli de boissons fraîches ! Ce hameau est loin de tout et c'est du coup un véritable carrefour, où "tout le monde" (façon de parler) passe car c'est la seule station service des alentours ! En fait, le coin est même un haut lieu touristique et on y croise plein de monde ! On a adoré ce petit patelin du désert, où les gens étaient absolument adorables ! On y est même restés dormir ! D'habitude, on préfère le wild.. Mais les boissons fraîches ont eu raison de nous ! 


Route d'une blancheur aveuglante
Route d'une blancheur aveuglante
Les vieilles carcasses qui rouillent autour de Solitaire
Les vieilles carcasses qui rouillent autour de Solitaire

On quitte Solitaire le lendemain, direction Sosusvlei, son salar et ses dunes rouges... LE highlight de Namibie et un des endroits les plus photographiés du continent ! On pensait qu'à cet endroit si touristique, la route serait parfaite.. Et bien mal nous en a pris ! Une des pires portions du pays ! La tôle ondulée ne s'interrompt que pour laisser place à du sable tout mou.. Nous sommes sur un faux plat descendant et pourtant.. On n'avance pas ! C'est désespérant. On se traîne à 6km/h, secoués par la piste.. On navigue sans arrêt d'un côté à l'autre de la piste pour trouver le passage le moins désastreux. Et à chaque fois que l'on croit prendre un peu de vitesse, on est stoppés net par une zone de sable. Une dure journée.. Du coup, on ne relie pas les deux points en un jour et on plante la tente pas loin d'un lodge de luxe (comme on en trouve beaucoup en Namibie). 


On discute avec les employés du lodge. Ils viennent du nord du pays, la partie la plus peuplée. Ils parlent une langue assez ancienne et particulière, qui utilise des "clics". C'est vraiment impressionnant (et beau) à écouter ! https://youtu.be/W6WO5XabD-s 

Pour ceux qui voudraient écouter ! Je me rappelle avoir entendu cette langue pour la première fois en cours de linguistique et ça paraissait tellement lointain.. C'était fou de l'entendre en vrai ! 


En discutant avec eux, nous apprenons qu'ils  sont payés un salaire de misère (une nuit dans le lodge coûte plus du triple de leur salaire mensuel) . Et n'ont le droit d'aller voir leur famille qu'une fois par an.. La triste réalité derrière beaucoup du tourisme en Afrique. La plupart du temps, les gros sous ne reviennent absolument pas aux africains. Les propriétaires des lodges et agences de voyage sont européens ou américains.. 


On arrive à Sesriem, le hameau de Sosusvlei, qui est composé d'une station service et d'un lodge. On doit vous l'avouer, on adore les stations service dans ce pays.. Car elles riment avec boissons fraîches, occasion de manger quelque chose de différent de d'habitude et sociabilisation car on y rencontre plein de gens ! On rencontre d'abord Louis et Kyrstyna, un couple franco-polonais qui a vécu pendant dix ans à Cape Town. Louis travaille chez EDF et a été envoyé en Afrique du Sud pour former des ingénieurs. Ils viennent de prendre leur retraite et s'apprêtent à rentrer en France, mais avant font un petit tour en Namibie. On s'entend super bien avec eux et on passe tout l'après midi ensemble. Ils nous disent qu'ils nous auraient bien hébergés à Cape Town mais qu'ils n'y retournent plus, ils rentrent en France depuis l'aéroport de Johannesburg.. Ils nous donnent donc le contact d'un de leurs amis, Priyesh (ces informations ont toute leur importance pour comprendre l'article sur l'Afrique du Sud..! :)


On quitte à peine Louis et Krystyna, que l'on rencontre Marion et Ona, deux françaises en voyage en Afrique, qui alternent voyage et volontariat en workaway. On s'entend super bien aussi et du coup on passe la soirée ensemble et on bivouaque un peu à l'écart de Sesriem. 


Le lendemain, nous sommes encore à la station service et toujours pas aux dunes. Il faut qu'on répare un peu nos roues arrière dont les rayons ne font que casser et on passe donc notre journée à l'atelier de la station. Dernièrement, les pistes ont mis nos vélos à rude épreuve et on était arrivés à une moyenne d'un rayon cassé par jour ! En effet, nos jantes sont tellement déformées par l'usure qu'on n'arrive plus à visser les nouveaux rayons.. On doit donc faire une réparation de fortune en tordant deux rayons ensemble pour en faire un plus grand.. 


Nous allons aux dunes le lendemain. Le système est bien organisé. Si tu dors au lodge du parc qui coûte trois fois le prix, tu peux entrer dans le parc des dunes une heure avant le lever du soleil et le voir se lever sur les dunes. Sinon, tu entres dans le parc alors que le soleil est levé. Considérant que nous avons fait de nombreuses activités "au lever du soleil" et qu'on n'en voit pas toujours l'intérêt (surtout quand il faut payer trois fois le prix) nous avons opté pour le camping sauvage. Le vélo est interdit dans le parc des dunes (pourtant la route est goudronnée ! Uniquement dans le parc, sur donc 50km..) On fait donc du stop pour faire l'aller retour. 


Les dunes sont magnifiques, rouges, brûlantes.. Des courbes superbes et le soleil du matin crée des jeux d'ombres qui accentuent les contrastes. Des oryx marchent au loin dans le sable et s'y confondent. On monte en haut de la dune 45, avant de faire un tour dans Deadvlei, le salar star. C'est hyper photogénique où que l'on regarde ! Les acacias morts sont là depuis des années, mais ne se décomposent pas car il n'y a aucune humidité.. Deadvlei est entouré par les plus hautes dunes du monde, dont "Big daddy", qui mesure entre 350 et 400m de haut ! Une tour eiffel de sable !