KIRGHIZSTAN


DE BISHKEK À OSH, EN PASSANT PAR LES PISTES DE L'ARRIÈRE PAYS.

Kirghizstan ! Bienvenue au pays des vastes steppes encadrées de montagnes enneigées, des nomades, des yourtes et des chevaux sauvages ! 

Après tergiversations et changements de dernière minute concernant notre itinéraire,  nous achetons finalement un billet pour Bishkek une semaine avant le départ. (Nous ignorions également l'existence de cette capitale à ce moment là..) Cette dernière semaine s'annonce intense entre les ultimes préparatifs et démontage des vélos.. Heureusement que Gaby est là pour nous épauler ! Merci !!

On arrive à 4h30 du matin à Bishkek. Nous n'avons pas dormi dans l'avion et les dernières nuits en France ont été courtes, c'est donc pas très frais que l'on s'installe dans un petit coin de l'aéroport pour remonter nos vélos... Nous y passerons au moins 3h ! Nous parcourons ensuite les 40 km séparant l'aéroport de la ville, en passant par des petites pistes qui donnent assez bien le ton de ce qui nous attend ! Cailloux, bosses, tôle ondulée... ça secoue ! Avec la fatigue et la chaleur nos tout premiers tours de roues sont rudes ! Les vélos avec leur chargement nous paraissent être des tanks ! L'entrée dans Bishkek finit de nous achever : chaleur écrasante, klaxons et poussière. Nous nous affalons à l'hôtel et dormons jusqu'au lendemain.


Petits yeux brillants, pas facile de quitter tout le monde...
Petits yeux brillants, pas facile de quitter tout le monde...
Ouverture des cartons à l'aéroport... Tout a l'air en bon état !
Ouverture des cartons à l'aéroport... Tout a l'air en bon état !
Atelier remontage des vélos, dans un coin de l'aéroport, sous les regards intrigués des femmes de ménage...
Atelier remontage des vélos, dans un coin de l'aéroport, sous les regards intrigués des femmes de ménage...

Bishkek - Susamyyr via le lac Issyk Kül par les pistes

Les premiers jours à Bishkek sont consacrés à l'élaboration de notre itinéraire et à la demande du visa de transit pour le Turkmenistan. (oui, on est partis avec aucune idée de là où on irait) 

Pour notre premier pays, composé à 90% de montagnes, nous décidons avant de rejoindre le sud du pays de faire un grand détour par l'est, un itinéraire qui fera la part belle aux pistes et chemins ! 

Nous partons pour Tamga sur la rive sud du lac Issyk kul. 

La route est défoncée et ne nous permet pas d'avancer bien vite. Le soir nous demandons à des nomades de poser notre tente à côté de leurs yourtes, près du petit village de Tong. Nous sommes à peine partis sur les pistes kirghizes que mon pneu se déchire sur le flanc. La chambre à air en sort à moitié. Sur les conseils des copains, on répare ça en mettant un morceau de chambre supplémentaire entre la déchirure et la chambre, pour la protéger et éviter trop de crevaisons.. 

Nous faisons un détour vers un superbe canyon ocre, digne d'un paysage des États-Unis ! Skazka canyon
Nous faisons un détour vers un superbe canyon ocre, digne d'un paysage des États-Unis ! Skazka canyon
Les yourtes de Tong
Les yourtes de Tong
On n'y croirait pas comme ça mais il fait CHAUD !! Pour vous sentir plus proches de nous, allumez votre four, insérez votre tête dedans et rêvez au bruit de nos roues..
On n'y croirait pas comme ça mais il fait CHAUD !! Pour vous sentir plus proches de nous, allumez votre four, insérez votre tête dedans et rêvez au bruit de nos roues..
Nuits sous la tente... On fait cuire nos pâtes !
Nuits sous la tente... On fait cuire nos pâtes !
Et sous la yourte !
Et sous la yourte !

Quelques kilomètres après Kochkor, avant d'attaquer notre premier petit col à 2600m nous devons nous passer du goudron et grimpons lentement sur une piste où s'alternent tôle ondulée et cailloux. Nous n'avançons pas beaucoup plus vite en descente, ralentis et secoués par l'état de la piste. 

Mais autour de nous les paysages sont magnifiques: des montagnes toutes vertes, tachetées des points blancs et bleus des yourtes et roulottes, des prairies infinies aux herbes battues par les vents,  des chevaux qui galopent autour de nous.. La liberté !! 

En descendant dans la vallée de Jumgal, on croise des petits villages où l'activité agricole bat son plein. À l'entrée et à la sortie de chaque village,  on croise invariablement des petits cimetières assez photogéniques avec les montagnes enneigées derrière. 

Les villages ont des airs de far west, entassés et assoupis autour de la route. Par contre, pas de saloon pour manger, on trouve des petits restaurants que l'on évite car servant uniquement du mouton ou des épiceries vendant surtout de la vodka et des sucreries. Autre fait déroutant, on trouve rarement de l'eau plate en bouteille, uniquement de l'eau gazeuse.. On a eu beau demandé "niet gaz" on a souvent du faire cuire nos pâtes à l'eau gazeuse ! 

Les panneaux d'entrée de ville de style soviétique
Les panneaux d'entrée de ville de style soviétique
En route vers le Kyzart Pass
En route vers le Kyzart Pass
Johnny, tu ne peux pas courir le monde après ton destin comme un cheval sauvage !
Johnny, tu ne peux pas courir le monde après ton destin comme un cheval sauvage !
Cimetières à l'entrée et à la sortie des villages
Cimetières à l'entrée et à la sortie des villages
Au menu du far west, Oreo et Snickers!
Au menu du far west, Oreo et Snickers!

Dans ce pays où le nomadisme est une tradition, planter la tente où bon nous semble ne choque personne. Nous continuons à pédaler sur cette route traversant l'est du pays vers le grand axe Bishkek-Osh, que nous voulons rejoindre par la vallée de Susamyyr. 

À un embranchement nous prenons trop peu de temps pour nous décider sur la direction à prendre et nous retrouvons étonnés sur une route toute neuve,  encore en construction, sur laquelle s'affairent engins et ouvriers chinois. Les paysages sont alors radicalement différents. Finis les récoltes et les villages, nous traversons des gorges impressionnantes, des montagnes ocres entre lesquelles dévale avec fracas un torrent bouillonnant. 

Aucun ouvrier ne nous fait signe de faire demi-tour,  nous pensons alors, ravis, avoir trouvé un chemin plus rapide vers le sud du pays, le tout dans un décor à couper le souffle et une route de rêve.. trop beau pour être vrai ! Nous bivouaquons dans ces gorges majestueuses et silencieuses. 

Notre bivouac ce sera ici, au bord de la rivière
Notre bivouac ce sera ici, au bord de la rivière
Youpi!! Une route en super état !
Youpi!! Une route en super état !

Le lendemain après quelques kilomètres,  la route commence à être en moins bon état. Les pelleteuses sont en pleine action pour transformer la piste en route et nous devons parfois attendre que la voie soit dégagée pour passer. 

Après de bonnes heures à avancer,  les ouvriers commencent soudainement à nous faire signe que la route est fermée et que l'on ne peut pas aller plus loin. 

Ah bon, c'est que maintenant qu'on est là on n'a plus tellement envie de faire demi-tour ! Grâce à Maps.me, qui ne connaît pas la route mais peut localiser les villages, nous indiquons le prochain village. Du coup ok pour passer ! Ils nous indiquent la direction à suivre et c'est reparti ! 

La route indiquée s'éloigne assez vite du chantier et des pelleteuse et nous nous retrouvons dans une vallée bucolique où coulent des ruisseaux de montagne et où les papillons volent par milliers. 

Par contre,  la route se dégrade très rapidement pour devenir une piste de moins en moins roulable sur laquelle nous avançons aussi vite qu'à pied. Ça monte mais c'est magnifique, nous sommes au paradis des papillons et la rivière nous rafraîchit à chaque pause. Et puis les dénivelés nous rattrapent et ça commence à grimper trop sérieusement pour que nous puissions continuer à pédaler sur cette piste de sable et de pierres. 

On se met donc à pousser. Une longue ascension commence sur cette piste très raide, sous un soleil de plomb. 

On monte longtemps, 4 bonnes heures pour passer le col, en poussant ! Ça grimpe dur et on arrive en haut épuisés et affamés, car si la vallée regorge d'eau, on n'a croisé âme qui vive sur ce nouvel itinéraire en dehors d'un mec ivre mort sur son âne et surtout aucun magasin ! Nos réserves de nouilles chinoises sont assez maigres et on a déjà croqué tous nos abricots secs. 

On commence à moins rigoler et à se dire que sortir de là ne va finalement pas être une balade de santé.  L'axe Bishkek-Osh est alors à 130 km et on avance à une moyenne de 4 km/heure ! 

On attend..
On attend..
On attend encore.. Pendant ce temps là, on discute avec les ouvriers. Ils sont d'ailleurs assez impressionnés par le poids de nos vélos qu'ils arrivent à peine à soulever ! Bah alors les gars ?
On attend encore.. Pendant ce temps là, on discute avec les ouvriers. Ils sont d'ailleurs assez impressionnés par le poids de nos vélos qu'ils arrivent à peine à soulever ! Bah alors les gars ?
C'est reparti !
C'est reparti !
On pousse...
On pousse...
Presque arrivés en haut du col !
Presque arrivés en haut du col !

Le moral n'est alors pas au beau fixe et l'ambiance explosive.. (comprendre, on se hurlait dessus.) La descente ne nous laisse pas plus de répit, tout aussi raide et cahoteuse que la montée. Si nous ne poussons plus les vélos, la concentration est de mise pour ne pas tomber. On descend dans une nouvelle vallée, incroyablement fleurie, sans pourtant s'extasier sur le paysage car le chemin mène tout droit vers un nouveau col en lacets, aussi raides que le premier. 


Et c'est là qu'un miracle se produit : un 4x4 arrive sur nous avec au volant deux adorables grand mères israéliennes qui, après nous avoir appris qu'elles parcourent la vallée depuis le petit matin sans avoir croisé aucun village nous annoncent bien embêtées que la route est loin de s'arranger ! Elles sont quand même assez étonnées de nous trouver là et devant nos airs de sortie de la mine, proposent de nous ramener sur notre route initiale. Ce qu'on s'empresse d'accepter ! 

Les vélos chargés, on roule jusqu'au soir pour revenir à l'embranchement raté, où nos sauveuses nous déposent. 

On se paye le grand luxe d'une guesthouse et d'une énorme plâtrée de pâtes ! Le jour suivant, les pistes nous semblent merveilleuses ! 

De retour sur notre itinéraire, on traverse les villages de Kyzyl-Oy et Susamyyr. On longe la rivière, on fait des siestes a l'ombre.. La vie nous semble douce, tels des rescapés de la montagne ! 

Aaaaah ça roule tellement bien !!
Aaaaah ça roule tellement bien !!
Posés...
Posés...

L'axe Bishkek-Osh

Arrivés à l'axe Bishkek-Osh, 500 km de route goudronnée nous attendent pour rejoindre Osh. Les campement de yourte sont partout et on peut rouler sans anticipation aucune, s'arrêter lorsque l'envie nous en prend pour boire le chai et manger du pain, du miel et du kurut, des petites boulettes de fromage tellement sec qu'elles sont presque difficiles à croquer. 

Un col nous attend, l'Ala Bel pass, à 3180m d'altitude, où l'on retrouve les montagnes enneigées. 

Mais pas le temps de traîner pour immortaliser notre premier 3000 à vélo, un orage éclate à peine arrivés au col. C'est un énorme orage, de ceux où il fait presque nuit à midi et où on se prend des trombes d'eau et de grêle sur les 70 kilomètres de descente nous menant à Toktogul. 

Haut plateau, autour d'Otmok
Haut plateau, autour d'Otmok
Cavalier des steppes d'Asie centrale
Cavalier des steppes d'Asie centrale
Presque en haut !
Presque en haut !
On ne va pas traîner...
On ne va pas traîner...
Heureusement il y a des endroits où on peut s'abriter boire un chaï !
Heureusement il y a des endroits où on peut s'abriter boire un chaï !

Le lendemain,  sur les montagnes russes qui contournent le lac de Toktogul,  retour de l'orage ! mais à ce moment-là on prend l'eau en marchant pour trouver un abri car le pneu déchiré de Gwen crève à ce moment là, c'est quand même plus drôle.. 

Le soir, retour du beau temps et rencontre d'un petit rayon de soleil, Micha, qui nous invite à dîner, à dormir dans son superbe restaurant et prendre un pantagruélique petit déjeuner le lendemain matin. 

On a quand même eu du mal à attaquer les montées avec nos estomacs pleins à craquer et la sieste de mi journée a duré plus longtemps que d'habitude ! 

Entre Kara-kol et Tashkomür, la route continue à ne pas savoir si elle veut monter ou descendre ! On accélère comme des fous furieux en descente et on se retrouve à la peine dès le début de la montée ! On longe la rivière Naryn d'une eau turquoise irréelle sous un ciel des plus bleus ! 

On arrive enfin dans la vallée de la Ferghana, très fertile, où les pastèques abondent par tonnes sur les bords de la route. Dans cette région, les ouzbek sont majoritaires, œuvre de l'ami Staline, qui a astucieusement divisé tout ce petit monde par un tracé ubuesque des frontières. Les problèmes posés par cette division perdurent encore aujourd'hui et ont donné lieu à des affrontements dans la région en 2010..


À Uzgen, on sera invités par la famille de Dana. Une fois encore on est reçus comme des invités de marque et servis comme des rois. On est vraiment gênés et ne savons pas comment les remercier.. 

Les derniers kilomètres nous séparant de Osh sont urbains, plats et inintéressants. Mais à Osh, deuxième plus grande ville du pays, on se refait une santé, on boit des bières et on achète plein de provisions avant de partir pour le Tadjikistan vía le massif des Pamirs.On profite à fond du confort, des pizzas et des pintes, car les prochains jours s'annoncent sportifs ! Osh est à 900 mètres d'altitude et la frontière tadjike culmine à 4336m! On va passer les prochaines semaines à parcourir les kilomètres nous séparant de Dushanbe, capitale tadjike, sur cette route mythique, la M41, deuxième plus haute route au monde ! 

Rivière Naryn entre Karakol et Tashkomür
Rivière Naryn entre Karakol et Tashkomür
Micha, rieur dans la vie, tueur à gage face à l'objectif !
Micha, rieur dans la vie, tueur à gage face à l'objectif !
Bivouac à côté de la route
Bivouac à côté de la route
Sur la route..
Sur la route..