OMAN, JUSQU'À LA FRONTIÈRE DU YÉMEN.


Oman, c'est vraiment le pays auquel on ne s'attendait pas. On a décidé d'y aller un peu par hasard, et surtout parce qu'on ne pouvait pas passer par le sud du Pakistan pour rejoindre l'Inde, après l'Iran. 

Le sultanat d'Oman est un petit pays du golfe, bordé par les Émirats au nord, par l'Arabie saoudite à l'ouest et par le Yémen au sud. Rien à voir avec les Émirats pour autant, ici pas de gratte-ciels. Le mode de vie est très traditionnel, et les omanais sont très attachés à leur singularité au cœur de la péninsule Arabique. 

"Veeeeeery good security!"

Et sinon, dans cette région du monde marquée par l'instabilité et les conflits, ça se passe comment niveau sécurité ? 

En fait ce pays est un ovni. C'est le 4ème pays le plus sûr au monde, avant même le Japon ou la Suisse. Alors du coup est-ce qu'il y a la police partout pour faire respecter l'ordre ? Eh ben pas du tout ! En un mois, on a vu UNE voiture de police (près du Yémen, dans les montagnes il y a apparemment des réfugiés somaliens clandestins). En Oman, les gens sont très croyants et il ne viendrait à l'esprit de personne de mal se comporter ou de désobéir à la loi. 


Les omanais sont très fiers du calme qui règne dans leur pays et quand on rencontre quelqu'un c'est un sujet qui est abordé dans les cinq premières minutes : personne ne vous volera, vous pouvez dormir n'importe où, vous pouvez demander n'importe quoi à n'importe qui et il le fera. 


Et effectivement, les omanais sont extrêmement gentils, accueillants et toujours prêts à aider. Pendant nos pauses sur le bord de la route, toutes les voitures s'arrêtaient pour demander si on avait un problème, si on voulait se reposer à la maison ou prendre une douche, si on avait assez à boire, à manger, s'il y avait la moindre chose qu'ils pouvaient faire pour nous aider... .. ou même si on avait besoin d'argent !! C'est vraiment arrivé tellement de fois qu'on se demandait si on avait dépassé les limites du voyageur crasseux. On avait beau refuser, insister, expliquer qu'on avait de l'argent, on s'est plusieurs fois trouvés face à des gens qui voulaient nous faire prendre l'argent de force, en refermant nos mains sur les billets et pas des petites sommes, 10, 20 ou même 50 euros !!


Les omanais portent tous la dishdasha, la tenue traditionnelle, une longue robe/tunique blanche ou beige, et la ghutra, un foulard porté en turban. L'uniformité des tenues est censée masquer les différences d'origine ou de fortune. Les jeunes ne dérogent pas à la règle, et c'est vraiment fou que TOUS soient habillés pareil. 


Street style omanais
Street style omanais
Est-ce qu'il y a un rapport de cause à conséquence entre dormir par terre et se faire offrir de l'argent...?
Est-ce qu'il y a un rapport de cause à conséquence entre dormir par terre et se faire offrir de l'argent...?

La côte nord entre palmiers et stations services.

On est sortis des Émirats, par le poste de Khatam Malahah. Les formalités sont très vite effectuées. Le visa s'obtient à l'arrivée, et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire on était entrés en Oman. Il fait très chaud et il a beau faire nuit, on est trempés de sueur. On profite de l'absence de soleil pour gagner quelques bornes. Il y a peu de trafic à cette heure et on en profite pour rouler sur l'autoroute. On a tout de suite senti les bonnes vibes du pays. Les gens sont adorables, ils ralentissent à notre hauteur pour nous souhaiter la bienvenue, nous encourager ou nous souhaiter un bon voyage. La côte nord d'Oman est la région la plus peuplée du pays et il n'y a pas vraiment de coin tranquille. On finit par installer la tente au milieu d'un village, derrière la mosquée (avec le réveil de 5heures du matin en prime !) 

Sinon, et c'est très étonnant, ici les voitures sentent bon ! Il y a des boutiques de nettoyage tous les 500m, et on se demande presque si il n'y a pas des diffuseurs de parfum dans les pots d'échappement ! Rouler dans Mascate (la capitale) avec une voiture sale est d'ailleurs passible d'amende. 

Sur cette côte, la mer est souvent assez loin. On peut de temps en temps suivre une route parallèle qui longe la mer, mais sinon on passe la plus grande partie de notre temps entre les stations service ! 


La première étape touristique sur la route de Mascate est Sohar, la ville de Sinbad le marin. C'est une très jolie ville, toute blanche, avec plein de petites rues en labyrinthe où l'asphalte disparaît dans le sable. Partout sur le bord de la route, on trouve des canapés, où l'on peut s'asseoir et se prélasser à l'ombre des palmiers. Et pour la première fois depuis le début du voyage, on a le vent dans le dos ! Ça roule tout seul ! L'asphalte est parfait, on pensait donc arriver très rapidement à Mascate, la capitale, pour faire nos demandes de visa indien.

L'autoroute est à nous !!
L'autoroute est à nous !!
Bivouac dans la palmeraie (un peu décimée quand même..)
Bivouac dans la palmeraie (un peu décimée quand même..)
Canapés pour se poser au bord de la route
Canapés pour se poser au bord de la route

Mais ça aurait été trop facile. Deux rayons de la roue arrière d'Olivier lâchent coup sur coup. On a des rayons de secours, mais il nous manque des clés et un fouet à chaîne pour démonter la cassette. On cherche donc un garage pour emprunter les outils. Mais Oman c'est le paradis des voitures toutes neuves, pas vraiment celui du vélo. On tente notre chance dans plusieurs garages, pas un seul n'a les outils. On finit par se faire déposer par un pickup dans un atelier à vélo qui retape des épaves rouillées. En tout cas il y a quelques outils. On essaye de faire comprendre au mec qu'on peut le faire nous-mêmes, mais il veut absolument faire. 

Sauf qu'en fait, il ne sait pas faire. Il commence par bloquer la cassette en vissant dans le mauvais sens. Puis il dévisse l'axe à l'arrache et éparpille toutes les billes du roulement dans l'atelier. Il remonte la roue sans la moitié des écrous.. On tente de lui montrer que ça ne va pas, mais il est en boucle "no problem, no problem".. On essaye de rester gentils avec notre mécano mais on y arrive de moins en moins.. 


Sorti de nulle part, arrive alors Issa, la force tranquille. Lui, c'est pas trop son genre de s'exciter en pleine chaleur, alors il nous embarque chez lui, avec la roue en morceaux. Après la sieste, on fait tout le tour des ateliers du coin pour essayer de débloquer la cassette. Et on fait une réparation de fortune sur la roue, sans les outils adéquats. 


Du coup, Issa nous invite aussi à dormir chez lui. La maison de Issa est un vrai palais, on croirait qu'on a débarqué chez un millionaire. Mais en fait Issa est ouvrier et il est loin d'être pété de blé. À l'intérieur de la maison, c'est tout vide et fissuré. Mais l'extérieur est rutilant ! Dans le coin, toutes les maisons sont comme ça, entre 1001 nuits et quartier friqué des États-Unis. Issa c'était vraiment une super rencontre et on est répartis tout émus de la spontanéité et de la gentillesse avec laquelle il nous a juste ramassés, réglé nos affaires et nourris. 

Pour autant le lendemain, ça ne roulait pas mieux cette roue. Les rayons avaient été changés mais claquaient à chaque tour, ça grinçait à cause du jeu dans l'axe. Et au bout de quelques kilomètres, les billes se faisaient la malle. On n'était plus très loin de Mascate, mais on se demandait comment on allait y arriver. C'était sans compter sur le fait qu'en Oman, quand tu bricoles ton vélo sur le bord de la route, il ne faut pas plus de cinq minutes pour que quelqu'un s'arrête, charge tout ton bordel dans la benne d'un camion, et t'emmène au prochain atelier. 

À Mascate, on a réparé la roue en à peine 20 minutes. On pensait que l'alcool coulerait à flot et qu'on fêterait ça avec une bonne pinte hors de prix. Mais en fait, l'alcool est prohibé et n'est en vente ni dans les magasins, ni dans les restos/hôtels de notre standing. 

La maison d'Issa. Entre temps on s'est habitués à ce que les maisons des omanais soient comme ça, immenses, clinquantes et parfois même pailletées !
La maison d'Issa. Entre temps on s'est habitués à ce que les maisons des omanais soient comme ça, immenses, clinquantes et parfois même pailletées !
Issa et notre mécano.
Issa et notre mécano.
Réparation pour de bon, chez les vendeurs de tricycles
Réparation pour de bon, chez les vendeurs de tricycles

Comme aux Émirats, il y a beaucoup de travailleurs étrangers ici. Ils viennent principalement du Bangladesh, du Pakistan ou de l'Inde. Mais la proportion est moins importante ici qu'aux Émirats. En Oman, la moitié des habitants du pays sont immigrés, alors qu'ils représentent plus de 3/4 de la population aux Émirats. Pour les immigrés, c'est d'ailleurs plus intéressant d'aller aux Émirats. Ils nous ont confié qu'ici, le travail n'est pas très attractif. Le pays mène en effet une politique d'omanisation de la vie active et cherche à remplacer peu à peu les immigrés par des omanais. Pour autant, nombreuses basses besognes resteront assurément le travail des immigrés. Et on ressent un certain mépris des omanais natifs vis à vis des immigrés, que ce soit dans les regards, les façons très sèches de parler ou les comportements. On est pratiquement dans un schéma seigneur /serviteur. Un exemple qu'on voit tout le temps : un omanais arrive en voiture en face d'un supermarché. Il ne sort pas de sa voiture et klaxonne jusqu'à ce que le caissier sorte (ou plutôt accoure) il lui passe sa petite commande, lui tend le fric et attend dans la voiture que l'autre revienne avec le sac de courses et la monnaie. Bien entendu, la prestation va jusqu'à ranger les courses dans le coffre. Et on voit ça devant les restaurants, les magasins, les pompes à essence, les pressings, bref partout. 

Ce comportement nous donne une impression franchement en demi teinte des omanais. On les voit adorables avec nous, et odieux avec les immigrés. Difficile de faire la part des choses. 


Un voyage en Oman se passe beaucoup avec les travailleurs immigrés. Les restos sont tenus par les indiens ou les bangladeshi et c'est un vrai plaisir de manger du dhal, des thalis et des parathas où qu'on s'arrête. C'est plus l'Asie centrale ici, chaque repas est un vrai festin ! On s'entend toujours bien et les conversations ne sont pas uniquement basées sur le matériel, comme c'est souvent le cas avec les omanais. C'est un petit avant goût de l'Inde, les hochements de tête qui veulent dire "oui", "non" ou "peut-être", la déco en stickers de Ganesh et l'odeur de betel! 


On s'est d'ailleurs fait des super copains au resto indien de Mascate. On y a à peu près passé toutes nos soirées, à faire les fermetures avec les patrons et à se faire arroser de samosas. On a laissé un énorme carton d'affaires chez les indiens, pour partir vers le sud, sans emmener doudounes et pantalons étanches, pas trop de rigueur par ici.

À travers les monts Hajar.

Après les au revoirs avec les copains indiens, on sort rapidement de Mascate. Il fait nuit noire et la température est enfin redevenue acceptable. Pour sortir de la ville ça ne grimpe pas longtemps mais ça grimpe très raide, on se demande même si on a déjà connu une côte avec un pourcentage aussi important. On essaye quand même de voir ce qu'on vaut avec le ventre plein de samosas, mais l'avant du vélo se soulève à cause du déséquilibre des sacoches arrière. Cette montée passée, on arrive sur un beau plateau, avec plein de bosses partout. 


L'éclairage public cesse très vite et on pédale à la seule lueur de la lune. On distingue tout juste la route qui serpente entre les bosses des montagnes. Aucune voiture, on n'entend que le bruit des roues et des grillons. C'est magique ! Les étoiles semblent être partout autour de nous car les lucioles scintillent sur les bords de la route. Les pierres et les arbres sont autant d'ombres qui rajoutent au caractère magique du moment. Et quand on a beaucoup d'imagination, comme certains par ici, toutes ces ombres deviennent un monde complètement délirant. 


Et puis à un moment, une longue descente suivie d'une bonne montée. Entraînée par l'élan, j'arrive en haut à pleine balle sans faire un seul coup de pédale. Olivier est un peu plus loin derrière. Et là, arrivée en haut de la montée, à toute vitesse, deux gros animaux à cornes, juste en face de moi. Grosse montée d'adrénaline. Tout herbivores qu'ils sont, dans la nuit noire ça fait un choc ! J'ai à peine le temps de ne rien comprendre et de piler, ça ne dure qu'une demie seconde et ils détalent à grand bruit de sabots. Dans la pénombre, impossible de distinguer vraiment. Il y a des bouquetins dans les montagnes d'Oman ? Olivier arrive, on essaye d'éclairer les animaux qu'on entend pas loin. Mais nos lampes éclairent à peine et on les distingue tout juste. On voit seulement leurs cornes. En repartant, toutes les ombres des pierres et des arbres sont devenus des gros bouquetins à corne.


Dans les monts Hajar, ça ne monte jamais longtemps, mais ça monte très raide ! Même dans le Pamir on n'a jamais vu des montées pareilles ! Les montagnes sont très belles, des couleurs chaudes, de temps en temps des palmiers touffus qui contrastent avec l'aridité environnante, et partout des chèvres qui squattent les maigres endroits d'ombre ! 

Le lendemain on a vu  ce panneau, les animaux de la nuit étaient en fait des oryx, une sorte de gazelle
Le lendemain on a vu ce panneau, les animaux de la nuit étaient en fait des oryx, une sorte de gazelle
Les tâches vertes c'est les palmeraies, les tâches blanches c'est les villages !
Les tâches vertes c'est les palmeraies, les tâches blanches c'est les villages !

Wadi Tiwi et Sur par l'autoroute et les petits chemins

Pour rejoindre Sur et les wadi environnants, il n'y a plus de jolis chemins qui serpentent entre les montagnes. Il faut souvent prendre l'autoroute. On cherche tant bien que mal des pistes parallèles, mais souvent elles s'évanouissent au milieu de nulle part. Ou la route est carrément effondrée, il faut descendre les vélos, puis escalader les rochers en portant sacoches puis vélos. Tous ces itinéraires parallèles ne sont plus entretenus. L'époque où ils étaient empruntés, à pied ou à dos d'âne a été balayée en moins de cinquante ans avec la découverte des gisements de pétrole dans le désert. Aujourd'hui, c'est le règne du gros Land Ranver, clim à fond, sur une route hyper moderne.


D'ailleurs, les omanais ne peuvent pas comprendre qu'on puisse décider de se déplacer à vélo alors qu'on a l'argent pour se payer une voiture. Ici le vélo c'est un moyen de transport pour les plus pauvres, les papis indiens qui galèrent à s'en sortir, point. Plus que dans tous les autres pays que l'on a traversés, c'est ici un vrai sujet d'incompréhension. Pour cette raison, on nous propose régulièrement de l'argent, ou alors on nous demande pourquoi on ne veut pas profiter de la vie, dans une voiture avec l'air conditionné.


Avant d'arriver à Sur, on passe par Wadi Shab et Wadi Tiwi, où l'eau coule entre des failles dans les montagnes et donne naissance à des oasis à la végétation exubérante, failles quasi tropicales au milieu du désert ! 

Bon, on va retourner sur l'autoroute !
Bon, on va retourner sur l'autoroute !
Sinon pour éviter l'autoroute, on prenait les petites routes qui nous faisaient faire des grandes boucles... Jusqu'à rejoindre l'autoroute. (l'autoroute on n'a pas de photos, il y avait du monde et ça roulait vite... On donnait pas trop dans le tourisme !)
Sinon pour éviter l'autoroute, on prenait les petites routes qui nous faisaient faire des grandes boucles... Jusqu'à rejoindre l'autoroute. (l'autoroute on n'a pas de photos, il y avait du monde et ça roulait vite... On donnait pas trop dans le tourisme !)
Wadi Tiwi, on se croirait en Asie du Sud-est !
Wadi Tiwi, on se croirait en Asie du Sud-est !
Wadi Tiwi, encore plus de vert !!
Wadi Tiwi, encore plus de vert !!
Sur est une jolie ville toute blanche, comme beaucoup de villes en Oman.
Sur est une jolie ville toute blanche, comme beaucoup de villes en Oman.
Chantier des boutres à Sur
Chantier des boutres à Sur

À Sur, on a été invités par des omanais à une petite soirée où il y avait (attention, péché) de l'alcool ! J'étais bien sûr la seule femme. Dans ce cadre plus privé, on a eu une discussion sur les femmes en Oman. Un d'entre eux (le ministre de je ne sais plus quoi) me confie qu'il ne veut pas se marier avec une femme d'ici parce qu'elles ne sont pas cool, elles n'aiment pas boire, fumer, faire la fête.. Surprise. Mais elles ont le droit de faire tout ça ? Il réfléchit un peu. Ah non... En fait elles n'ont pas le droit. 


Lui son rêve c'est de se marier avec des européennes, mais les omanais n'ont pas le droit de se marier avec des étrangères, ou à la limite seulement avec une femme du golfe. Au delà d'un certain âge seulement, les hommes ont le droit de se marier avec qui ils veulent, mais l'épouse doit être musulmanne ou se convertir. Les femmes, bien entendu, doivent se marier avec un omanais uniquement. 

Alors pourquoi des européennes ? Parce que ce sont des femmes faciles, qui boivent et qui veulent bien tout faire. D'ailleurs,  tous,  quand ils s'échauffent un peu, ils ont les mains et les lèvres baladeuses, et ils ne comprennent sincèrement pas le retour de flamme qu'ils se prennent alors. 


Aucune omanaise n'est dans la rue. On les aperçoit parfois derrière les vitres teintées des voitures, mais c'est l'homme qui sort, pendant que madame attend dans la voiture.

Que des hommes dans les rues, dans les magasins, dans les cafés.. Au restaurant, une salle spéciale, à l'abri des regards est réservée aux familles (comprendre, aux femmes). Du coup, nous mêmes quand on voit une femme dans la rue on est super choqués, parce que c'est absolument inhabituel. On a également été invités dans des familles où Olivier ne pouvait pas voir les femmes du chef de famille. Seule Gwen pouvait les "voir", dans une pièce à part, mais intégralement voilées. 


On a aussi été un peu décontenancés dans le vocabulaire employé. Lorsqu'on rencontre quelqu'un (comprendre, un homme) il s'adresse uniquement à Olivier. Si il veut savoir nos rapports, il demandera "THIS, your wife?" On a longtemps essayé de mettre ça sur une connaissance approximative de l'anglais, puis on l'a entendu plusieurs fois venant d'hommes parlant très bien anglais, et puis c'est arrivé toutes les fois que la question était posée, on a arrêté de croire que c'était un problème de vocabulaire.


Pourtant, les femmes ont le même accès que les hommes à l'éducation. C'est d'ailleurs un problème actuellement. Elles ont ici des meilleurs résultats que les hommes, dans des secteurs qui leur sont pourtant dédiés, comme les sciences ou les technologies. Comment faire donc avec ces nouvelles arrivantes dans la vie active ? Qui va garder la maison ? Comment l'homme restera-t-il le supérieur de sa femme ?


Des questions qui ne se posent pas qu'en Oman... 

On ne peut pas s'empêcher de remarquer qui a le droit à une chaise... Et qui s'assoit par terre.
On ne peut pas s'empêcher de remarquer qui a le droit à une chaise... Et qui s'assoit par terre.

Dans le désert, la longue traversée jusqu'à Salalah.

Après Sur, notre plan est de descendre jusqu'à Salalah, au plus près de l'Afrique. On sait que c'est une longue route, à travers le désert. Mais il y a suffisamment de villages éparpillés tout du long pour qu'on puisse s'approvisionner au moins tous les deux jours. 

Selon le ministre, c'est vraiment une mauvaise idée : pour lui les gens du désert sont fous et dangereux etc. En fait, lorsqu'on se déplace, on nous dit souvent que la région/le pays d'à côté est dangereux et qu'il ne faut pas y aller. On a beau avancer, on nous demande toujours si les pays précédents n'étaient pas trop dangereux ou on nous avertit qu'à partir de maintenant ça va être dangereux. 


En quittant Sur, on arrive vite dans le sweet sweet nothing. On traverse d'abord une réserve protégée car les tortues viennent y pondre. Du coup, tout autour il n'y a pas grand chose de construit pour préserver la tranquillité des tortues vertes, une espèce en voie de disparition. Par contre, pour les touristes qui veulent voir une tortue sortir de la mer et pondre ses œufs sur la plage et prendre en photo ce moment magique, il y a des tours organisés. Et ces tours perturbent beaucoup les tortues, qui flippent un peu quand elles se font accueillir à coups de flash. Pour nous c'était hors de question de participer à ça, on a traversé la réserve sans s'arrêter. On nous avait dit que l'hiver arrivait et avec lui le vent. Effectivement, on sent vraiment la transition de saison, d'un coup le vent devient omniprésent et s'apparente plutôt à une tempête permanente ! Il est tourbillonnant, au début il nous pousse, puis il nous secoue de part et d'autre et enfin il finit par nous faire faire du sur place en nous soufflant en pleine tête. À partir de Sur on aura donc mangé beaucoup de sable ! 

Ça se réchauffe !!
Ça se réchauffe !!
Et on va croiser du beau monde !
Et on va croiser du beau monde !

On traverse la "route des dunes", une route asphaltée qui serpente au milieu du désert des Wahiba Sands. C'est vraiment beau, mais éprouvant. On s'en doute, il n'y a pas un brin d'ombre et le thermomètre explose.. On finit par avancer la tête dans le guidon, en rêvant juste d'un coca frais ! 

Le vent nous tient compagnie jour et nuit. Le jour, il nous fouette la peau. La nuit, il met notre campement à rude épreuve : les sardines dans le sable, ça ne tient pas vraiment. Globalement on s'en est plutôt bien sortis en sécurisant tout avec des pierres... Sauf une nuit, où ça nous est tombé dessus ! On passe donc des nuits agitées, le claquement de la tente fait un vacarme pas possible et on se réveille en sursaut à chaque bruit pour vérifier que la tente ne nous retombe pas dessus ! 

Quand on ramène les pierres, on fait toujours attention, chaque soir on trouvait des scorpions en dessous ! Et le matin, on vide avec précaution nos chaussures... 


On arrive dans les dunes
On arrive dans les dunes
On a essayé de prendre une piste, mais on a vite renoncé !
On a essayé de prendre une piste, mais on a vite renoncé !
Du sable devant, derrière, sur les côtés.. Et en pleine gueule !
Du sable devant, derrière, sur les côtés.. Et en pleine gueule !
En tout cas c'est beau !!
En tout cas c'est beau !!
Quand ton vélo devient le seul endroit où tu peux t'abriter du sable et du vent !
Quand ton vélo devient le seul endroit où tu peux t'abriter du sable et du vent !
On rêvait du prochain village pour boire un truc frais, mais finalement le magasin c'était ça, et c'était fermé !
On rêvait du prochain village pour boire un truc frais, mais finalement le magasin c'était ça, et c'était fermé !
Oh coucou toi !
Oh coucou toi !

On est sortis du désert tout desséchés et rabougris, on voulait juste de l'ombre, du frais, boire et ne plus jamais voir de sable ! Sauf que c'était juste le début de la route pour Salalah.. Après les Wahiba Sands, c'est toujours le désert, mais le désert moche. C'est tout plat et caillouteux... Et il y a toujours le vent ! Tous les jours se suivent, se ressemblent et se mélangent.. On enchaîne les bivouacs dans le désert, les petits déjeuners dans les coffee shop tenus par les indiens et 

tous les restaurants et magasins sont fermés à l'heure où on veut se poser loin de la fournaise (entre 14h et 16h). Dans ce désert de graviers, le paysage n'est vraiment pas intéressant, la route est toute droite et identique sur des centaines de kilomètres. Sur la route, les seules distractions sont les chameaux et les mecs en pickup qui s'arrêtent pour nous demander ce qu'on fout là à vélo et si tout va bien. Ils sont toujours adorables et prêts même à faire demi-tour jusqu'au village le plus proche pour nous ramener des pepsi et des chips pour agrémenter nos pauses ! 

Mais heureusement ici, les villages sont plus réguliers. Quand on y arrive, c'est la délivrance ! Souvent on mange entourés par la moitié du village (des hommes uniquement, pour ceux qui en doutaient) qui nous dévisagent en commentant nos vélos. 

 

On a traversé les dunes mais on n'est pas encore arrivés à Salalah !
On a traversé les dunes mais on n'est pas encore arrivés à Salalah !
Comme ça sur des kilomètres ! (et encore, on a pris en photo l'endroit où il y avait des panneaux...)
Comme ça sur des kilomètres ! (et encore, on a pris en photo l'endroit où il y avait des panneaux...)
Tous les jours, bivouac dans le même paysage.
Tous les jours, bivouac dans le même paysage.
On peut même faire la sieste sur la route ! Le trafic est pratiquement inexistant !
On peut même faire la sieste sur la route ! Le trafic est pratiquement inexistant !
Ouiiii un arbre !! De l'ombre !!!!
Ouiiii un arbre !! De l'ombre !!!!
Les coffee shops, où on prend nos cafés le matin (moitié sucre, moitié eau, et une petite cuillère de nescafé en prime !)
Les coffee shops, où on prend nos cafés le matin (moitié sucre, moitié eau, et une petite cuillère de nescafé en prime !)
La bouffe !! Du riz, du dhal et des salades !
La bouffe !! Du riz, du dhal et des salades !
Les rencontres sur la route, lui c'était un sacré numéro ! Dans le style illuminé...
Les rencontres sur la route, lui c'était un sacré numéro ! Dans le style illuminé...

Après des km de ligne droite toute plate, on arrive face à un mur, le Djebel Samhan. En haut c'est un immense plateau encore plus désertique qu'en bas, il n'y a même plus d'arbustes pleins d'épines. Il y a juste : rien. À perte de vue. Et un vent épouvantable, tournoyant, qui nous secoue dans tous les sens. On espère que de l'autre côté du mur, ce sera un nouveau monde, avec un peu plus de choses à voir sur la route.. Dans le nouveau monde, à Shwaymiyah, on est invités dans une nouvelle maison où on croirait qu'on est chez un millionnaire. En fait, notre hôte nous explique que le sultan Qaboos fait construire ces maisons, rutilantes et toutes identiques, et les offre aux omanais. Sans rien demander, comme ça, cadeau. On comprend que le sultan ait une super côte de popularité ! :) Ça fait plus de 45 ans qu'il est au pouvoir en Oman et sa photo photoshoppée est PARTOUT, des panneaux immenses dans les rues, grandeur nature ou même plus grande que nature, dans tous les magasins, les coffee shops, les restaurants... Il a fait beaucoup pour Oman. Lorsqu'il est arrivé au pouvoir, le pays comptait à peine une dizaine de kilomètres de routes goudronnées et aucune infrastructure publique. Aujourd'hui, le pays se parcourt de toute part sur des routes parfaites, tous les villages, même les plus petits, ont une école et un centre de santé. L'éducation est gratuite jusqu'à l'université. Et le pays recrute partout dans le monde des docteurs et des chirurgiens. D'un point de vue économique, la situation ne pourra pas perdurer en mode cadeaux de Noël, mais pour le moment, personne ne veut trop s'en préoccuper en Oman. 


Un soir, alors qu'on mangeait notre dîner classique au coffee shop du coin, un omanais adorable est venu nous voir pour nous demander si on savait où dormir et il nous a filé les clés de sa villa toute neuve, offerte par le sultan, et dans laquelle il n'a pas encore eu le temps de s'installer.. Trois étages et au moins une vingtaine de chambres ! 


Mais le destin ne veut pas qu'on termine jusqu'à Salalah à vélo.. On est contactés par l'ambassade de l'Inde, où nos passeports sont toujours depuis deux semaines en attente de notre visa. Ils veulent qu'on remonte au plus vite pour nous poser quelques questions.. On essaye de se dépêcher un peu, mais on veut quand même finir à vélo.. Mais raté, quelques jours plus tard, c'est les rayons de la roue arrière d'Olivier qui recommencent à lâcher. On finit donc en stop sur les 150 derniers kilomètres, en chargeant les vélos dans la benne d'un pickup.. 

On se rapproche !
On se rapproche !
Plateau du Djebel Samhan, le grand vide !
Plateau du Djebel Samhan, le grand vide !
La route qui descend vers le "nouveau monde" (aussi désertique que l'ancien !)
La route qui descend vers le "nouveau monde" (aussi désertique que l'ancien !)
De l'autre côté du mur
De l'autre côté du mur
Les dromadaires, les rois de la route !
Les dromadaires, les rois de la route !

Salalah, sous les cocotiers.

À Salalah, changement radical, fini le désert, ici c'est nature tropicale, plage, palmiers et cocotiers ! Sur le bord des routes, il y a des échoppes à jus de noix de coco partout sur lesquelles on se rattrape, faute de bières ! Le climat est différent ici du reste du pays, la mousson arrive de l'Inde et reste au dessus de la région, bloquée par le mur du Djebel Samhan. La végétation est exubérante et les routes se frayent un chemin entre les plantations de cocotiers et de bananiers. Ça fait tellement de bien tout ce vert après des kilomètres de rien dans le désert ! Un tout petit peu à l'écart de la ville, il y a des lagunes dans lesquelles, se réunissent des dizaines de flamants roses ! Magnifique !! On ne regrette pas les kilomètres, parfois difficiles, pour arriver jusqu'ici ! 

Dans la ville, il règne une sérénité incroyable ! C'est une grande ville, mais le rythme est doux, tranquille... 

On aurait vraiment aimé rester plus longtemps à Salalah, mais on doit remonter à Mascate pour les visas.. On remonte en bus de nuit (on aime bien le vélo, mais tout le chemin en marche arrière, faut pas déconner non plus !!) 

Salalah, sous les palmiers et les bougainvilliers !
Salalah, sous les palmiers et les bougainvilliers !
Les flamants roses, dans une lagune à 15 minutes du centre ville !
Les flamants roses, dans une lagune à 15 minutes du centre ville !
On roule au bord de la plage
On roule au bord de la plage
Ou entre les plantations !
Ou entre les plantations !
Petite pause jus de noix de coco !
Petite pause jus de noix de coco !

De retour à Mascate, on retourne chez les copains indiens qui nous hébergent pendant plus d'une semaine. On prend nos petites habitudes, nos endroits préférés pour un café, les repas au resto des copains et les soirées jusqu'à pas d'heure à la fermeture !

On retrouve les copains Olivier et Olivia, une dernière fois avant l'Afrique. On fête Noël au chant du muezzin et sous les palmiers ! Avec une famille de colombiens pour le 24 et avec les copains indiens pour le 25 !

Dans quelques jours l'Inde nous attend pour 6 mois d'itinérance du cap Sud à l'Himalaya ! 

On a retrouvé les copains Olivia et Olivier !
On a retrouvé les copains Olivia et Olivier !
Une partie des copains indiens de Mascate
Une partie des copains indiens de Mascate
Et joyeux Noël!!
Et joyeux Noël!!